La cérémonie en l’honneur des 80 parlementaires ayant refusé de voter les pouvoirs constituants au Gouvernement Pétain, le 10 juillet 1940 à Vichy, s’est tenue en présence de Gérard Larcher, président du Sénat. Après des dépôts de gerbes sur le parvis du Palais des congrès-Opéra, Frédéric Aguilera et Gérard Larcher, entre autres, ont pris la parole devant une assemblée restreinte composée d’officiels et de descendants des 80 parlementaires.
Vendredi 10 juillet, la cérémonie en l’honneur des 80 parlementaires qui ont refusé de voter les pouvoirs constituants au Gouvernement Pétain, le 10 juillet 1940 à Vichy, s’est déroulée en présence de Gérard Larcher, président du Sénat. Des dépôts de gerbes ont été effectués sur le parvis du Palais des Congrès-Opéra par Frédéric Aguilera (maire de Vichy), Joseph Blethon (président du Comité en l’honneur des 80 et au nom des passagers du Massilia), Claude Riboulet (président du Conseil départemental de l’Allier), Charlotte Benoit (conseillère régionale Auvergne-Rhône-Alpes), Claude Malhuret et Gérard Deriot (sénateurs de l’Allier), Bénédicte Peyrol (députée de la troisième circonscription de l’Allier), Sylvaine Astic (Sous-préfet de l’Allier) et Gérard Larcher (président du Sénat). A la suite de cette cérémonie, des discours ont été prononcés sur la scène de l’Opéra de Vichy, face à un public constitué notamment des descendants des 80 parlementaires. Ce sont exprimés Frédéric Aguilera, Joseph Blethon, Antoine Moulai (élève à Science Politique Paris et plus jeune membre du comité des 80), Sylvaine Astic et Gérard Larcher.
10 juillet 2020
Opéra de Vichy
Monsieur le Président du Sénat,
Messieurs les Ministres,
Madame la sous-Préfète,
Madame la Députée,
Monsieur le Sénateur,
Monsieur le Président du Conseil départemental,
Mesdames et Messieurs les élus régionaux, départementaux et municipaux,
Monsieur le Président du Comité en l’honneur des 80 parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Présidents d’associations culturelles et patriotiques,
Mesdames et Messieurs,
Je suis honoré de vous accueillir ce matin dans cette salle magnifique de l’Opéra de Vichy pour célébrer avec vous le premier acte de résistance parlementaire, qui fût porté ici même par 80 élus de la République le 10 juillet 1940.
Je veux, avant toute chose, avoir une pensée particulière pour Christophe Pommeray, conseiller municipal de Vichy et Secrétaire général du Comité en l’honneur des 80, qui nous a quittés l’an dernier. Christophe Pommeray était un ardent défenseur de Vichy ainsi qu’un infatigable avocat de la mémoire des 80. Cette cérémonie a pris une vraie ampleur avec le temps et, il y est pour beaucoup, tout comme vous mon cher Joseph.
Cette ampleur, nous la mesurons à l’attachement porté par les deux chambres parlementaires, à cette cérémonie. L’an passé, nous avions accueilli Richard Ferrand, Président de l’Assemblée Nationale. Cette année, c’est au tour de Gérard Larcher, Président du Sénat d’être parmi nous. Je suis heureux de constater le niveau de solennité que conserve cette cérémonie année après année.
Bienvenue donc à vous, Monsieur le Président. Merci pour votre présence qui honore la mémoire des 80.
Votre présence honore aussi la Ville de Vichy et ses habitants. Nous savons compter en vous un ami fidèle et bienveillant. Vous êtes venu à plusieurs reprises et, si vous persistez à fréquenter Vichy, c’est sans doute parce que vous percevez tout à la fois la douceur de vivre et le dynamisme de notre belle cité.
En vous accueillant cette année, je me remémore en particulier votre visite de l’an dernier, à l’occasion de l’exposition « Il était une fois la Reine des Villes d’eaux ». Une grande exposition qui a attiré 30 000 visiteurs curieux de découvrir l’histoire bimillénaire de Vichy. 2000 ans d’une histoire riche, prestigieuse et parfois complexe.
Raconter toute l’histoire de Vichy, c’est mettre en avant son âge d’or mais c’est aussi assumer la présence encombrante et non souhaitée du gouvernement de la France entre 1940 et 1944.
Et c’est ce que nous avons fait.
C’est aussi ce que nous continuons à faire chaque année, le 10 juillet, à travers cette cérémonie destinée à rendre hommage aux 80 élus qui, contre les postures politiciennes, contre les lâchetés, ont pris le risque de tout perdre.
Ces hommes furent des résistants.
Ils furent ce qu’il restait d’honneur à la République française, quand leurs collègues foulaient au pied tous ses principes, en même temps que ses institutions.
Le 10 juillet 1940, la République sombra et l’Etat français entama son processus de collaboration avec l’Allemagne nazie. Un processus qui irait jusqu’à l’indignité par l’adoption dès 1940 de lois anti-juives.
Peut-on imaginer pire crime, pour un Etat, que celui qui consiste à livrer ses propres enfants à l’ennemi et à la mort en raison de leur religion ?
C’est une honte nationale inscrite à jamais dans notre histoire de France. Une honte née au cœur même de l’appareil d’Etat.
Il aura fallu attendre le 16 juillet 1995, soit plus d’un demi-siècle, pour que les plus hautes autorités françaises reconnaissent officiellement la responsabilité pleine et entière de l’Etat.
C’est Jacques Chirac qui, le premier, dira haut et fort ce qu’aucun président n’avait osé dire avant lui. Je cite : « Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français ».
Ces propos mettaient un terme à 50 ans de déni officiel, 50 années d’une réécriture historique qui voulait faire croire que la collaboration n’était pas le fait de la France, en tant que machine administrative et politique, mais d’une sorte de branche illégitime de l’Etat, désormais abattue.
Une légende basée sur un postulat tronqué en vertu duquel « c’était Vichy, ce n’était pas la France ».
Aux Vichyssois d’en assumer le fardeau. A Vichy d’incarner cette période !
De Gaulle, qui avait perçu ce risque d’enfermement pour notre ville, rappelait, je cite : « Vichy, qui n’eut point à choisir de 40 à 44 son destin, ne saurait accepter d’être associée à la déchéance du gouvernement qui lui fut alors arbitrairement imposé ».
Pourtant, il était plus commode pour tout le monde d’isoler cette période sombre de notre histoire, y compris sur le plan géographique, en la réduisant à une ville.
Et puis, que pèsent 25 000 Vichyssois présumés coupables, face à 60 millions de Français exonérés d’office ? Vichy, est la victime expiatoire parfaite.
Si l’intervention de Jacques Chirac eut le mérite d’en finir officiellement avec le déni, elle n’eût aucun effet sur les mentalités.
Dans les manuels d’histoire, dans les médias, dans la bouche des politiques et même dans les discours de l’actuel Président de la République, Vichy reste associé à la honte française. Vichy est la honte française.
Au fond, ce ne serait pas très grave si cela n’impactait que notre ville. Nous saurions nous en débrouiller et trouver les ressources nécessaires pour « vivre avec ».
Mais cette manière d’orienter le récit historique de notre pays et la persistance même de ce déni pernicieux, constituent un vrai danger pour l’avenir.
Vivre dans le déni, c’est entretenir les braises des anciens feux.
Vivre dans le déni, c’est garder la porte ouverte à la résurgence des vieux démons.
Cela ne peut plus continuer.
L’histoire de France – comme celle de tous les pays du monde - est aussi faite de périodes complexes dont les comptes n’ont pas encore été soldés, l’actualité récente nous l’a rappelé.
80 ans après, il faut solder les comptes et engager un vrai travail de mémoire.
A Vichy, nous avons subi et non suscité l’installation du gouvernement de la France. Et pourtant, nous n’avons pas attendu pour prendre notre part à ce travail de mémoire.
Nous l’avons entamé depuis longtemps à travers cette cérémonie d’hommage aux 80.
Nous l’avons complété en consacrant une place à Michel Crespin, plus jeune Vichyssois déporté, mort à Auschwitz en 1944, à l’âge de 5 mois.
Nous l’avons poursuivi en donnant au parvis du Grand Casino – Opéra le nom, ô combien symbolique, de cette grande dame de notre siècle que fût Simone Veil.
Nous l’avons développée aussi en renommant « Allée des Justes parmi les Nations » la promenade qui longe l’Allier et le Pavillon Sévigné, où logeait Philippe Pétain sans savoir que, dans le même bâtiment, des Vichyssois cachaient des Juifs.
Mais ce n’est pas suffisant et ce travail mémoriel, nous allons l’amplifier, l’accélérer dans les années à venir. Nous allons encourager et soutenir la recherche sur le rôle de l’Etat Français entre 40 et 44.
Cet engagement de la Ville de Vichy au service de la vérité est sans réserve. C’est un engagement fort, à la hauteur des enjeux.
Mais cet engagement a une limite. Car nous refusons d’incarner seuls, une fois encore, le travail de mémoire pour le compte de la nation.
Nous avons plus que jamais besoin du soutien de l’État.
Nous avons besoin que les plus hautes autorités de notre pays s’emparent de ce sujet, s’investissent et nous accompagnent.
Je lance donc aujourd’hui un appel solennel à l’État, à travers ses représentants ici présents, mais aussi à travers les relais que sont les parlementaires et d’abord vous Monsieur le Président du Sénat.
Je vous demande de nous aider à faire comprendre à l’Etat qu’il doit enfin se mettre à la hauteur de ces 80 courageux parlementaires qui en 1940 refusèrent d’accorder les pleins pouvoirs constituant à Philippe Pétain et agirent pour le salut de la France.
Aidez-nous à mener à bien ce travail de réconciliation et de concorde nationale en y impliquant l’Etat.
Nous sommes en 2020, 80 ans après. L’avenir de notre nation et des générations futures nous oblige à faire preuve d’audace pour avancer collectivement afin de briser les tabous et d’abattre tous les dénis !
La France peut compter sur Vichy.
Vichy aimerait pouvoir compter sur la France.
Je vous remercie.
Discours du Président du Sénat, M. Gérard LARCHER,
à l’occasion du 80e anniversaire du vote des 80 parlementaires
qui ont refusé l’attribution des pleins pouvoirs à Pétain
Vichy, vendredi 10 juillet 2020
Monsieur le Maire (Frédéric Aguilera),
Madame la Sous-préfète (Sylvaine Astic),
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Président du Conseil départemental,
Mesdames et Messieurs les élus, chers collègues,
Monsieur le Président du Comité des 80 (Joseph Bléthon),
Mesdames, Messieurs,
Je suis heureux d’être parmi vous aujourd’hui. Il y a dix ans j’assistais à cette cérémonie qui m’avait marqué. Je tiens à saluer tout particulièrement mes collègues sénateurs, Claude Malhuret, Président du groupe Les Indépendants-République et Territoires et Gérard Dériot, membre éminent de la commission des Affaires sociales après avoir été un questeur engagé pour l’évolution du Sénat. Je voudrais dire combien ils représentent admirablement le département de l’Allier dans notre assemblée.
Je me réjouis d’être à Vichy, dont je salue le maire et les élus. Cette ville a su trouver un nouvel élan et démontrer que son nom ne pouvait être durablement associé à un régime qui a noirci les pages de notre Histoire. Ce serait trop injuste. Vos propos sur le déni et le travail de mémoire sont forts, au service de la vérité et de la réconciliation nationale. Je porterai votre demande.
Les Vichyssoises et les Vichyssois ne doivent pas porter sur leurs épaules la trahison d’un État ayant renié les valeurs de la République !
Pour moi, Vichy ce sont aussi des souvenirs souriants d’enfance avec ma maman curiste.
Vichy, la thermale (la reine)
Vichy, la sportive et demain terre de jeux, nous le souhaitons.
Vichy, ce matin, est synonyme de liberté !
La liberté, c’est ce que défendirent, ici même, voici 80 ans, jour pour jour, 23 sénateurs et 57 députés qui refusèrent de donner les pleins pouvoirs à Philippe Pétain qui mettaient fin à la République. Ils eurent, eux-aussi, trois semaines après le Général de Gaulle, le courage de dire « NON ». Selon ses propres mots, ceux du général, ils devinrent « les premiers résistants ».
Lors de cette séance présidée par Jules Jeanneney, alors Président du Sénat, quelques sénateurs autour de Joseph Paul-Boncour, sénateur du Loir-et-Cher, tentèrent de se faire entendre et d’opposer une résistance à ce funeste projet. (En vain !)
Tous les parlementaires n’étaient pas présents ce 10 juillet. Parmi les absents, certains avaient été déchus de leur mandat, 6 étaient morts au combat et 27 se trouvaient à bord du Massilia pour continuer la lutte en Afrique du Nord.
Ces hommes figuraient parmi les opposants les plus déterminés à la ligne défendue par Pierre Laval. Parmi eux, il y avait Georges Mandel, Pierre Mendès-France, Jean Zay et le sénateur de l’Ain, Michel Tony-Révillon, qui devint membre de la Haute Cour de Justice qui jugea Philippe Pétain à la Libération.
80 ans plus tard, le vote du 10 juillet 1940 ne doit pas simplement être considéré comme l’aboutissement funeste d’une des plus grandes crises de notre Histoire et l’effondrement de notre Nation, mais aussi comme l’amorce d’une renaissance, d’un autre message porteur de « la flamme de la Résistance française ». Ce sont les mots de l’Appel du 18 juin.
Le vrai renouveau, ce sont les Quatre-vingts qui l’ont porté. Ils ne se sont pas contentés de sauver l’honneur de la République, ils ont donné un souffle à l’idéal républicain et à la Résistance en disant « NON » à la fatalité et « OUI » à la liberté.
Les 80 bulletins déposés ce jour-là dans l’urne sont bien plus que 80 bulletins « CONTRE » : ce sont en fait des bulletins « POUR », pour une France de la démocratie, pour une France qui refuse l’humiliation.
L’explication de vote du sénateur de la Lozère Pierre de Chambrun est limpide (je cite) « Pourquoi jeter les armes de la liberté ? »
Ce défi à l’adversité, les Quatre-vingts en payèrent le prix fort. Nombre d’entre eux connut la prison, la déportation, la torture ou la mort. Mais ils étaient soutenus par la conviction qu’ils défendaient des valeurs éternelles fondées sur la liberté et la fraternité.
Trois d’entre eux furent assassinés dont Marx Dormoy, sénateur de l’Allier. Il est l’honneur de ce département, il est l’honneur du Sénat tout entier ! Son nom figure en haut du grand escalier du Palais du Luxembourg. En raison de son opposition au nouveau régime, il sera suspendu de ses fonctions de maire de Montluçon. Devant les élus du conseil municipal, il déclare alors : « Je quitte cet hôtel de ville la tête haute, je ne veux penser qu’à la France meurtrie, j’ai la foi en la délivrance de mon pays, j’y aspire de toute mon âme. »
Parmi ceux qui votèrent aussi ce jour-là les pleins pouvoirs à Philippe Pétain, des hommes furent capables de se ressaisir et, dans les années qui suivirent, de prendre les armes contre l’occupant. Parmi eux, Paul Laffont, sénateur de l’Ariège qui tombera sous les balles de la milice.
Je voudrais rendre un hommage particulier à Jean Odin, sénateur de la Gironde, qui, dès le 10 juillet 1940, a continué le combat et conçu l'idée d'un groupe clandestin de parlementaires protestataires. C'est lui qui s'appliquera pendant des mois à nouer des contacts avec ses collègues soumis à la surveillance policière. Lui-même sera arrêté et détenu au début de 1941.
Début décembre 1943, Jean Odin rédige un « Appel des Quatre-vingts » au comité de la France Libre au nom de ses compagnons.
Il écrit : « Les parlementaires qui dirent «Non» à l'armistice et «Non» à l'agression contre la République, n'ont jamais abdiqué la souveraineté populaire. Ils se mettent à la disposition de la Résistance française pour coordonner avec elle leurs forces pour l'organisation de la Victoire et accompagner la libération du territoire. »
42 des Quatre-vingts adhèrent à divers mouvements de résistance intérieure ou à des mouvements appartenant à la France Libre. Et le 11 octobre 1944, ces « premiers résistants » sont chargés de désigner les parlementaires qui siègeront dans la nouvelle assemblée, garante des libertés retrouvées.
Une médaille a été frappée à la mémoire des Quatre-vingts en 1945.
L’exemplaire, précieusement conservé aux Archives du Sénat, porte l’inscription suivante, rédigée par Marcel Plaisant, sénateur du Cher, lui-même l’un des Quatre-vingts :
« LE 10 JUILLET 1940 QUATRE-VINGT RÉPUBLICAINS PAR LEUR VOTE CONTRE LA DICTATURE AFFIRMÈRENT LEUR VOLONTÉ DE RÉSISTANCE LEUR AMOUR DE LA LIBERTÉ ET LEUR FOI DANS LA PATRIE INVAINCUE. »
Aujourd’hui nous honorons ceux qui ont su défendre envers et contre tout la République.
Du courage il en fallait pour voter « NON » le 10 juillet 1940.
Ces élus de la République sont des exemples.
Souvenons-nous de notre fragilité, souvenons-nous qu’en quelques heures, la République peut sombrer et la démocratie peut être emportée. Souvenons-nous que dans les temps de crise, y compris celle que nous venons de vivre, la tentation d’abdiquer d’une part de nos libertés est parfois grande et ces débats, nous les avons eus, bien sûr sans la même intensité dramatique, il y a quelques semaines… Et le Sénat a été et est vigilant.
C’est là l’un des enseignements politiques du 10 juillet 1940 : faute d’un pouvoir démocratique stable, y compris dans la crise, c’est une dictature qui peut finir par s’installer.
L’équilibre trouvé sous la Cinquième République est précieux. La souplesse et la solidité de nos institutions vont de pair. C’est le souvenir de l’Assemblée du 10 juillet 1940 et du gouvernement à Bordeaux qui hante le Général de Gaulle quand il bâtit, avec la Cinquième République, un système institutionnel efficace et harmonieux. Il déclare à Bayeux en 1946 : « Comment a fini la IIIe République ? L'édifice grandiose s'est écroulé dans le malheur et dans le sang. Il suffit d'évoquer cela pour comprendre à quel point il est nécessaire que nos institutions démocratiques nouvelles compensent, par elles-mêmes, les effets de notre perpétuelle effervescence politique ».
Quand les institutions sont faibles, quand elles étranglent la volonté politique, d’autant plus quand la menace gronde, quand elles ne permettent pas d’agir, alors c’est toute la République qui peut s’écrouler.
La Constitution de la Ve République (Article 34) donne au législateur la mission de garantir les libertés publiques, c’est ce à quoi s’est attaché le Sénat au cours de son Histoire !
La défense des libertés publiques et l’attention portée aux collectivités territoriales constituent les deux principaux marqueurs politiques de cette institution, et ce dès 1881, lors des discussions de la loi portant abrogation de toutes les lois restrictives de la liberté de la presse.
Par le biais de propositions de lois, d’amendements, de commissions d’enquête et de missions d’information, le Sénat a toujours veillé à ce que des garanties fondamentales soient accordées aux citoyens pour l’exercice de leurs libertés publiques.
Le bicamérisme est un gage de démocratie et de respect des libertés. Tel était d'ailleurs son principal avantage aux yeux des grands penseurs qui ont conçu nos institutions : éviter la tyrannie de la majorité, obliger la loi à prendre en considération la diversité des points de vue, mieux faire valoir l'intérêt général. Ce que je réaffirmais en accueillant le nouveau Premier ministre, mercredi dernier : « le bicamérisme est une chance pour la démocratie et l’équilibre de nos institutions. Dans une période marquée par la succession de crises et de tensions, la démocratie représentative est le visage de la démocratie vivante. »
Être aujourd’hui fidèle à la mémoire des Quatre-vingts, c’est défendre la liberté, c’est défendre cet intérêt général, c’est ne pas avoir peur de l’avenir sans pour autant trahir ce qui fait notre passé, avec ses ombres et ses lumières, et notre identité. À Londres, le Général de Gaulle déclarait : « Soyons fermes, purs et fidèles, au bout de nos peines, il y a la plus grande gloire du monde, celle des hommes qui n’ont jamais cédé ». C’était en 1943.
80 ans après, soyons plus que jamais fidèles aux « 80 » qui n’ont jamais cédé !
Vive la République !
Gérard Larcher
A partir du 1er décembre, collecte des déchets ménagers (sacs et bacs noirs) uniquement le VENDREDI