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Théo Curin, comme un poisson dans l'eau

Publié le 07/02/2018

Théo Curin, comme un poisson dans l'eau

Jeune pensionnaire du pôle France Handi-natation de Vichy, Théo Curin, 17 ans, a brillamment nagé pour la France aux Championnats du monde de natation handisport de Mexico en décembre dernier. De retour à Vichy avec deux médailles d’argent, le vice-champion du monde sur 100 mètres et 200 mètres nage libre, revient sur ces dernières années, sa vie vichyssoise, ses projets.

En 2006, conséquence dramatique d'une méningite foudroyante contractée lorsqu'il avait 6 ans, Théo est amputé des quatre membres. Durant son hospitalisation, sa mère lit le livre de Philippe Croizon, sportif de haut niveau quadri-amputé, connu, notamment, pour sa traversée de la Manche à la nage et pour sa participation au Dakar plus récemment. «Ma mère lui a alors envoyé une lettre pour raconter notre histoire. Quelques mois plus tard, nous avons échangé nos numéros et je lui ai dit : il faut que je te rencontre !».

Pour ce petit garçon cette rencontre est un déclic. «Je suis passé d’un gamin comme les autres à courir partout à celui en fauteuil avec tous les regards fixés sur moi. Je n’osais plus sortir ! Et puis Philippe m’a dit : Mets-toi à leur place ! Si tu étais valide, est-ce que tu observerais une personne différente ? Aujourd’hui, je sais qu’il y a des gens qui me regardent, je fais même plus gaffe.»

"Je détestais l’eau ! Quand, à l’école, il fallait aller à la piscine, j’étais souvent malade !"

C’est aussi lors de cette rencontre que Théo va dans l’eau «Je n’aimais pas du tout ça : je détestais l’eau ! Quand, à l’école, il fallait aller à la piscine, j’étais souvent malade !». Frustré de ne pas pouvoir montrer sa détermination à Philippe Croizon, il demande alors à ses parents de l’inscrire dans un club de natation handisport «Je voulais nager, je voulais montrer à Philippe que je pouvais faire de belles choses comme lui».

"Quand je suis dans l’eau, je n’ai plus de handicap"

C’est à Lunéville, en Lorraine, que démarre la carrière de nageur de Théo. Les entraînements s’enchaînent, les compétitions se suivent et les récits du Pôle France de Vichy ne tardent pas à résonner. C’est en 2013, alors âgé de 13 ans que Théo fait sa rentrée. Même si le rythme est soutenu, Théo assume. «C’est un élément que j’adore, quand je suis dans l’eau, je n’ai plus de handicap, plus de prothèse, plus de fauteuil, plus d’installation, plus rien… Je me déplace comme tout le monde, il y a une certaine liberté qui n’existe pas dans l’espace habituel.»

"Quand on dit paralympique, ce ne sont pas des handicapés qui font du sport mais bien des sportifs qui font des sacrifices"

C’est au lycée Valery-Larbaud en Première ST2S qu’il choisit de poursuivre ses études pour intégrer une filière diététique plus tard. Mais l’exercice dans lequel Théo est très à l’aise est celui de la communication qu’il n’exclut pas. Déterminé, du haut de ses 17 ans, Théo est de ces sportifs qui ont fait des obstacles une force et cette nouvelle renommée médiatique se présente comme une tribune. «Le Paralympisme n’est pas assez médiatisé en France. Quand on dit paralympique, ce ne sont pas des handicapés qui font du sport mais bien des sportifs qui font des sacrifices, qui s’entraînent plusieurs fois par jour.»

Théo Curin

Face à la rigueur de son quotidien, il y a aussi les week-ends et quelques soirées où il prend du temps pour lui et nous délivre ses bonnes adresses vichyssoises. «Dès que j’ai du temps libre, je préfère le consacrer à mes potes et aller boire un verre au Gaulois ou au Bazar de l’Opéra ou juste aller me faire une séance de ciné ! »

Mais pour Théo, le temps presse, il se prépare sans relâche d’abord pour les Coupes du monde à Copenhague au mois de mars et Sheffield au mois de juin mais surtout pour les Championnats d’Europe qu’il attend avec impatience en août. Revenu des derniers Jeux de Rio avec une 4e place sur 200 m nage libre, il pense à Tokyo en 2020 avec beaucoup de sagesse pour rester concentré sur ses objectifs «Même si j’aimerais y retourner et pourquoi pas monter sur cette boîte !». Quant à son rêve, il rayonne dans les anneaux de Paris 2024 «J’imagine déjà ma famille, mes amis au bord du bassin. Il peut se passer de magnifiques choses pour tous les sports, pour tous les handicaps… La magie des Jeux ! Beaucoup plus magique à la maison !»


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