La Ville de Vichy commémore les 80 ans de la rafle du 26 août 1942 en zone libre.
Cette exposition porte sur la persécution des Juifs en France depuis la montée de l’antisémitisme en Europe jusqu’à la fin de la Seconde guerre mondiale. Elle met en évidence le tournant dramatique que constitue l’année 1942 pour le sort des populations juives, elle contribue à une meilleure compréhension de la lente et difficile construction de la mémoire de la persécution des Juifs de France.
Médiathèque Valery-Larbaud, du 16 août au 15 septembre - réalisée par le Mémorial de la Shoah
Vendredi 26 août à 9h45 à la Stèle du Parc
Durant cette journée, sous la présidence de Serge Klarsfeld, plusieurs historiens spécialistes de la Shoah ont pris la parole et ont échangé avec le public sur le déroulement de l’opération dans les régions préfectorales de la zone libre :
Serge KLARSFELD, avocat, docteur ès lettres, diplômé de Sciences-Po Paris, survivant de la Shoah.
Alexandre DOULUT, docteur en histoire, spécialiste de la Shoah en France
Simon MASSBAUM, chercheur sur la déportation des Juifs d’Aveyron durant la seconde guerre mondiale
Robert MENCHERINI, professeur honoraire des universités en histoire contemporaine
Aline FRYSZMAN, agrégée et docteure en histoire (EHESS - Paris), professeure en classes préparatoires littéraires au lycée Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand,et chargée d’enseignement à l’Université Clermont Auvergne
Tal BRUTTMANN, historien, spécialiste de la Shoah
Valérie PORTHERET, docteure en histoire contemporaine, diplômée de l’Université Lumière Lyon 2, enseignante du second degré en histoire-géographie, géopolitique et sciences politique, et chercheure associée au Larhra
Jacques SEMELIN, professeur des Universités qualifié en Histoire moderne et en Science Politique
Vendredi 26 août de 10h30 à 17h - au Palais des Congrès - Entrée libre, ouvert à tous
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De la mi-juin à la mi-juillet 1942 des négociations furent menées par les Chefs SS en France avec les autorités françaises. Elles portaient sur l’arrestation des Juifs par les forces de police françaises.
Il fut décidé d’un commun accord que, l’État Français souhaitant mettre en en seconde ligne les Juifs de nationalité française, les cibles des rafles menées par la police française seraient les Juifs étrangers et qu’ils seraient arrêtés aussi bien en zone non occupée qu’en zone occupée (22 000 en z.o., 10 000 en z.n.o).
La rafle du Vel d’Hiv à Paris les 16 et 17 juillet ayant donné des résultats insuffisants (9 000 adultes), les autorités françaises ont proposé la déportation des 4 000 enfants pourtant presque tous français arrêtés en même temps que leurs parents. Quant à la livraison des 10 000 Juifs de la zone non occupée, elle a été minutieusement préparée et a concerné les Juifs entrés en France après le 1er janvier 1936. Chaque région préfectorale de la zone non occupée a produit les listes permettant à la direction de la police nationale de déterminer le quota de Juifs à arrêter dans chacune de ces régions pour être assuré qu’il y aurait effectivement 10 000 Juifs à livrer aux Allemands en provenance de ce territoire où Vichy était souverain et où il n’y avait pas d’Allemands. La police a tenu compte des Juifs déjà internés dans les camps pour Juifs étrangers (3 500 sont livrés à Drancy du 7 au 15 août), des Juifs sous contrôle policier dans les Groupement de Travailleurs étrangers (1 200 sont livrés le 25 août). Il fallait que la grande rafle dans les 40 départements de la zone non occupée rapportât au minimum 5 300 Juifs. Au total 5 745 Juifs ont été livrés dont 513 enfants au cours de cette gigantesque opération policière encore mal connue du grand public.
La meilleure défense des Juifs français aurait été de refuser de coopérer à celle des Juifs étrangers à l’été 1942. Le gouvernement Pétain-Laval disposait alors d’atouts importants pour oser dire non aux exigences allemandes : une flotte puissante pouvant quitter Toulon ; la défense de l’Empire français contre les britanniques et les gaullistes ; une économie tournant à plein pour l’effort de guerre allemand ; des forces de police assurant l’ordre ainsi que la sécurité de l’occupant. Le maréchal Pétain, chef de l’État, a approuvé en Conseil des Ministres les mesures décidées par son gouvernement et a ainsi engagé la France dans une complicité criminelle avec l’occupant.
La population française de la zone libre a exprimé sa réprobation à l’égard des arrestations de Juifs étrangers qui déshonoraient la France. Les guides spirituels de la population, prélats catholiques et dirigeants de l’Église Réformée, opposants au régime ou même pétainistes, ont protesté avec vigueur, alors que les convois de 1 000 Juifs quittaient la France au rythme de trois par semaine.
Cette opposition à l’arrestation et à la livraison massive des Juifs a imposé au gouvernement de Vichy le ralentissement de sa coopération policière massive avec la Gestapo et a sauvé probablement les vies de dizaines de milliers de Juifs menacés par le programme prévu par la Gestapo d’un train quotidien de mille Juifs entre le 15 septembre et le 31 octobre. Le 11 novembre 1942 jour de l’invasion de la zone libre par les Allemands, le quota de 40 000 Juifs à déporter en un premier temps a été atteint par le service des Affaires juives de la Gestapo.
Le Colloque de Vichy du 26 août 2022 était nécessaire aussi bien pour nous qui oeuvrons pour que la vérité historique soit établie, diffusée et transmise que pour la Ville de Vichy et son Maire, M. Fréderic Aguilera qui nous ont accordé leur soutien. Je leur en suis profondément reconnaissant et suis heureux qu’une pléiade d’historiens prenne enfin la route de Vichy.
Serge Klarsfeld
Avocat, Docteur ès lettres,
diplômé de Sciences-Po Paris
1942, l’année la plus sombre de l’Occupation : 43.000 Juifs ont été déportés entre le 27 mars et le 11 novembre, dont 33.000 sur la seule période du 17 juillet au 30 septembre. Au cours de ce même été, le gouvernement de Pétain, soucieux d’atteindre le quota de Juifs à déporter, livre aux Allemands, en août et en septembre, des milliers de Juifs étrangers jusqu’alors internés dans les camps de la zone libre ou arrêtés à leur domicile dans le cadre de la grande rafle du 26 août.
80 ans après les rafles de l’été 1942, c’est un honneur d’accueillir, à Vichy, ce colloque présidé par Serge Klarsfeld et réunissant de nombreux historiens mais aussi de voir, à travers l’exposition à la Médiathèque, se concrétiser le partenariat décidé avec le Mémorial de la Shoah.
La nécessité du devoir de mémoire est au coeur des priorités de a Ville de Vichy, qui, dans le cadre de sa politique mémorielle souhaite renforcer ses actions en encourageant et en soutenant la recherche sur la responsabilité de l’État Français entre 1940 et 1944 afin de combattre l’ignorance et l’oubli. Un devoir de mémoire prolongeant l’acte fondateur du Président Jacques Chirac qui, le 16 juillet 1995, lors de son discours au Vel d’Hiv souligna : « Oui, la folie criminelle de l’occupant a été fondée par des Français, par l’État Français ». Propos réaffirmés par le Président Emmanuel Macron lors de sa visite officielle à Vichy le 8 décembre 2021 : « Cette histoire, ça n’est pas à Vichy seule de la porter, c’est l’histoire de la France, c’est le régime de l’État français qui a décidé de collaborer avec l’occupant ».
À l’heure où l’antisémitisme et le racisme progressent, nous avons le devoir de nous souvenir, le devoir de transmettre, le devoir d’assumer ce passé sombre de notre pays, pour éviter que le pire ne se reproduise.
Frédéric Aguilera
Maire de Vichy,
Président de Vichy Communauté,
Vice-président du Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes
Photographie de couverture : arrivée au camp de Vénissieux le 27 août 1942 des autocars chargés de Juifs raflés dans la région préfectorale de Lyon.
A partir du 1er décembre, collecte des déchets ménagers (sacs et bacs noirs) uniquement le VENDREDI